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Une brève histoire de Dainville (par Alain Nolibos)


Prise de vue aérienne d'un chantier de fouilles sur Dainville

Représentation de Dainville dans le tome XIX des Albums de Croÿ


La revue des troupes par Napoléon Ier à Dainville 
(dessin de M. Bonnière)

De l'Antiquité 

à l'Empire napoléonien

 


Le territoire de Dainville est occupé depuis très longtemps, même si les traces les plus anciennes (silex taillés du néolithique) sont rares.  L’occupation systématique est attestée dès le bronze final (vers 1200 avant JC). Mais c’est surtout aux époques gauloise, gallo-romaine et mérovingienne que le terroir dainvillois fut mis en valeur, comme l’attestent les récentes découvertes aux lieux dits Géricho, le Moulin, le Champ Bel air, la Neuville…


Le Moyen Âge nous est mal connu. Quelques noms de seigneurs nous sont parvenus tels ceux des familles Dainville, ou Bailleux… mais l’abbaye Saint-Vaast d’Arras en fut sans conteste le principal seigneur et propriétaire foncier jusqu’en 1789.


La représentation la plus ancienne du village de Dainville remonte au début du XVIIe siècle (t. XIX des Albums de Croÿ) : la haute tour de l’église évoque notre actuel clocher, abstraction faite de la flèche beaucoup plus tardive. Plusieurs plans du XVIII° siècle fournissent de nombreuses précisions sur le village, sa voirie et son terroir rural.


Du XVe au XVIIe siècle Dainville souffrit des multiples combats et sièges qui se sont déroulés autour d’Arras en 1314, 1375, 1537. Touchée par la peste en 1636, dévastée lors des sièges d’Arras de 1640 et 1654, Dainville retrouva paix et prospérité au XVIIIe siècle.


La Révolution provoqua surtout  la vente des terres de l’Eglise (l’abbaye Saint-Vaast, le collège d’Arras possédaient de vastes propriétés) ; 90% des ventes ont été attribuées à des étrangers (Somme, Tournai, Château-Thierry) ; une trentaine de Dainvillois ont acquis cependant des petits lots totalisant moins de 40 hectares. Subsista, avec un autre propriétaire, la vaste ferme de l’abbaye.


La période impériale a été marquée par le passage de Napoléon 1er venu inspecter à Dainville, le 30 août 1804, les 8000 grenadiers commandés par le général Junot.

Une lente transformation

socio-économique 

au XIXe siècle



Le XIXe siècle est marqué par le développement en périphérie du village, le long de la route de Doullens, de quelques industries (briqueterie, huilerie), par la généralisation pendant quelques décennies du travail à domicile de la dentelle par les femmes, et par la migration vers Arras d’une partie des hommes que l’agriculture ne suffit plus à faire vivre. Ils y trouvent à s’employer comme manouvriers ou comme portefaix. 


En 1875, le chemin de fer d’Arras à Doullens et d’Arras à Saint-Pol-sur-Ternoise traverse le territoire de la commune. Il emmène vers les mines d’Avion ou de Lens une nouvelle tranche de jeunes hommes. Le village dans sa physionomie est encore rural, mais la population ne l’est plus totalement.


La guerre de 1914-1918 meurtrit sans le détruire ce village situé à quelques kilomètres seulement du front. Terminus de la seule voie ferrée qui dessert encore Arras, il devient, selon les mois, une position de repos ou de concentration des troupes ou de matériel du front d’Arras. De ce fait il subit à certains moments les bombardements de l’artillerie adverse.


Représentation de Portefaix

Dainville ravagé par les bombardements pendant la Grande Guerre

Vue aérienne de Dainville dans les années 1990

Le parc de Dainville et sa "mare aux canards"


Fête des Portefaix 2023 avec le géant Isidore

Du village à la ville

(de 1945 à nos jours)

 

De 1936 à 1954 la population n’augmente pas. Avec 1200 habitants Dainville demeurait une commune rurale, un village très regroupé autour de son église, sa mairie, ses écoles. 


De 1954 à 1982 l’espace urbanisé à Arras s’est dilaté pour loger une population nouvelle dans ses périphéries est et ouest. Le mouvement toucha alors les communes voisines, dont Dainville, qui comptait 5759 habitants en 1982. Le boom démographique des années 1950-1980 a fait surgir ailleurs des tours et des barres. Dainville, géré avec sagesse a refusé ces grands ensembles inhumains tout en acceptant des cités résidentielles de petites maisons individuelles. Largement composée en 1954 d’ouvriers et d’agriculteurs, la petite ville s’est tertiarisée en attirant une nouvelle population d’employés, de cadres moyens et supérieurs, travaillant à Arras ou à l’extérieur.


Le développement d’équipements collectifs nouveaux (écoles, bibliothèque, salles de sport et de réunion), l’existence d’une vie associative dynamique, le souci du patrimoine et de l’environnement ont créé une image très positive d’un lieu « où il fait bon vivre ».


La vie politique locale reflète bien cette transformation d’un village tranquille en une ville qui a toujours su garder le sens de la mesure et le souci de l’humain. 


Succédant en 1936 à des municipalités de centre droit, le maire socialiste Jules Milot resta à la barre jusqu’en 1965. Une équipe municipale plus traditionnelle, dominée par la personnalité de son maire Charles Brisse, tué dans un accident de la route en 1970, dirigea avec son successeur Maurice Delcourt, l’extension territoriale nouvelle de Dainville. L’émergence d’une opposition  de gauche en 1971 se concrétisa en 1977 avec la victoire de la liste d’Union de la Gauche menée par Bernard Quandalle. C’était le début des « Trente glorieuses » de ce maire consensuel, cinq fois réélu. 


Françoise Rossignol lui succède en 2007. Avec son équipe, elle incarne bien la volonté de conserver l’image positive de Dainville, « commune recherchée, au futur prometteur ».